[Opinion] Le vignoble français mis à mal par le gel

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Il ne manquait plus que cela : après la pandémie et les confinements à répétition, qui ont déjà fait s’effondrer l’activité économique en France comme dans le monde, place au gel. Il aura suffi d’un épisode météo d’une douceur toute estivale, suivi d’une vague de gel intense et durable, pour mettre à bas une année de récoltes.

La fermeture des restaurants, associée aux taxes imposées par Donald Trump aux vins et spiritueux français, avait déjà largement engendré méventes, pertes, surstock, voire destruction ou méthanisation des récoltes. Cette fois, en quelques heures de gel, c’est environ 80% du vignoble français qui a été atteint. Au total, et alors même qu’une nouvelle vague de froid touche la France à encore un mois des saints de glace, plus d’un tiers de la production viticole de l’Hexagone a déjà été détruite. Les pertes des viticulteurs sont déjà estimées à plus de 2 milliards d’euros, sans même compter les conséquences en cascade sur la filière : transport, emplois saisonniers… Avec des nuits où il aura parfois gelé douze heures de rang, avec des températures entre -5°C et -8°C, jeunes feuilles et bourgeons n’ont pas résisté, malgré les efforts déployés chaque nuit dans les vignobles. Avec l’équivalent de plus de 20 millions d’hectolitres qui manqueront à l’appel, le vignoble français devrait être amputé pour ce millésime 2021 de près de 40% de sa production annuelle. L’an passé, comme les précédentes, celle-ci s’élevait à environ 45 millions d’hectolitres.

Cet épisode de gel meurtrier est déjà qualifié de « plus grande catastrophe agronomique du siècle » bien que l’on ne soit qu’en 2021. Dix régions sur treize ont été touchées par ces gelées, affectant des centaines de milliers d’hectares. Alors que le prix des fruits devrait certainement augmenter l’été prochain, côté vignobles, la récolte sera si faible que la France risque de manquer de vins à exporter comme à consommer l’an prochain. Et ce d’autant plus que la consommation et les ventes devraient repartir, entre réouverture des restaurants et redémarrage du marché américain. Hormis, bien sûr, pour les vins de garde et pour les appellations de luxe telles que le champagne et le cognac, dont le système de réserves obligatoires permet justement d’amortir les chocs des mauvaises années.

Judikael Hirel 

Source : Le Figaro

Cet article est publié à partir de La Sélection du Jour.


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